Publié dans Société

Alexandra Zafindramaro, de « Harvard Business Review » - « Je suis fière de pouvoir inspirer les jeunes malagasy… »

Publié le lundi, 26 août 2024

La première femme malagasy à être sélectionnée pour devenir un membre du Conseil consultatif de « Harvard Business Review » (HBR). Alexandra Zafindramaro compte user de ses acquis à l’université de Harvard dans le développement de stratégies sur mesure, pour lutter contre les disparités entre les genres et promouvoir l’autonomisation des femmes. Elle nous livre son parcours et ses ambitions dans cette interview.

La Vérité (+) : Qui êtes-vous ?
Mme Zafindramaro (=) : Je m’appelle Alexandra Zafindramaro. J'ai 45 ans, et je suis Malagasy. J'ai vécu à Madagascar pendant de longues années, et j'ai aussi eu l'opportunité d’occuper une fonction internationale, me permettant ainsi de participer à des conférences un peu partout dans le monde. J'ai consacré la majeure partie de ma carrière professionnelle au développement durable, avec une passion pour la nature. J’ai fondé mon cabinet « Jade Consulting Madagascar » en 2020, en pleine crise sanitaire, juste avant la proclamation de l’Etat d’urgence sanitaire lié à la Covid-19. Le cabinet a pris son envol, mais le défi reste de taille, compte tenu de l'impact sans précédent sur l'économie du pays. « Jade Consulting » est spécialisé dans le développement durable. Le cabinet soutien des modèles d’inclusion sociale, égalitaires, et apporte une solution durable aux préoccupations économiques, sociales et environnementales des organisations qui souhaitent aller au-delà de la gestion à court terme, pour pérenniser leur activité. Nous travaillons sur 3 piliers, à savoir l’autonomisation des femmes, le développement durable et la formation pour renforcer les capacités.
(+) : Pourquoi avez-vous repris vos études en étant déjà dans le monde professionnel ?
(=) : J’ai décroché mon diplôme d’études professionnelles approfondies en marketing et communication au sein de l’ISCAM, dans les années 2000. Depuis, j’ai travaillé dans diverses sociétés nationales et internationales. Mais j’ai pris conscience que pour évoluer sur la scène internationale, je devais compléter mon cursus par une accréditation répondant à des standards internationaux reconnus dans le monde entier. Le choix a été naturel d’enrichir mon background à Harvard. Etant enfant, j’ai toujours rêvé d’intégrer un jour cette université qui a façonné les plus grands leaders ayant impulsé des changements impactant à l’échelle de la planète. Cela me semblait d’abord inaccessible au début, puis finalement j’ai pris le temps d’étudier toutes les options possibles en naviguant sur leurs programmes. J’ai étudié avec soins tous les cursus dédiés aux professionnels ayant déjà accumulé plusieurs années d’expériences professionnelles, comme moi, mais qui souhaitaient approfondir leur savoir et obtenir ainsi une certification.
(+) : Comment avez-vous procédé pour intégrer le « Harvard Business School » ?
(=) : J’ai soumis mon dossier de candidature pour le cursus « Sustainable Business Strategy », lequel répondait parfaitement à mon besoin de renforcement de mes acquis professionnels en matière de développement durable. C’est un domaine passionnant qui a toujours résonné au plus profond de mon être comme un appel, pour que je puisse enfin me réaliser pleinement.A l’époque, le comité de sélection de Harvard avait étudié mon dossier de candidature, et examiné mon parcours académique, professionnel et devait être convaincu du « pourquoi » j’avais choisi Harvard. Au bout de quelques semaines, j’avais reçu un courriel de confirmation de mon admission. J’étais tellement heureuse, et c’était comme un rêve qui s’accomplissait. J’ai suivi un cursus en ligne qui offre la possibilité de rencontrer les professeurs de Harvard in situ.
(+) : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette aventure ?
(=) : J’étais à Harvard Boston - USA, en 2019 et j’ai eu la chance de participer aux panels de discussions animés par Nancy Koehn, auteure et historienne, et Joe Fuller, professeur de Management, ainsi que les grands dirigeants de ce monde tels que Catherine D’Amato, President and CEO de Greater Boston Food Bank, qui a parlé du travail de son organisation pour libérer l’Etat de Massachusetts de la faim d’ici 2028. J’ai rencontré toute une panoplie de chercheurs, les plus grands CEO du monde entier. J’ai également eu la chance de rencontrer les membres de ma cohorte, où j’étais la seule malagasy. C’est fabuleux comme expérience et cela n’a pas de prix d’avoir la chance de s’enrichir de cette diversité culturelle, de participer aux cours dispensés dans les salles de conférences et les amphithéâtres qui ont accueilli sur leurs bancs Barack Obama et Mark Zuckerberg.
(+) : Que représente le fait d'être membre du Conseil consultatif du HBR ?
(=) : HBR est l’institution qui produit le magazine et toute une multitude de livres et de résultats de recherches, édités et commercialisés dans le monde entier. Les ouvrages sont publiés à la fois en format numérique et en version imprimée reliée. J’ai été sélectionnée par HBR pour faire partie de son Conseil consultatif, sur invitation spéciale. C’est un grand honneur, car il n’est pas accessible à tout le monde d’avoir eu le privilège d’être choisie. J’en ressens une immense fierté nationale de pouvoir inspirer les jeunes malagasy, qui, eux aussi, rêvent un jour de faire partie de cette communauté Harvard. Dans ce Conseil consultatif, je serai amenée à participer aux recherches de Harvard Business Review. Je pourrai formuler des commentaires et partager mes réflexions avec les rédacteurs et développeurs des produits de HBR. En rejoignant le Conseil consultatif, mes idées contribueront à façonner le contenu que Harvard développe et à enrichir leur compréhension avec mon point de vue et celui du monde, au sens large du management et du leadership. J’aurai ainsi la possibilité de partager les résultats des recherches, de recevoir du contenu exclusif de HBR et de prévisualiser de nouveaux contenus et produits avant leur publication officielle.
(+) : Quelles sont vos ambitions futures ?
(=) : Je souhaite capitaliser sur ce network pour développer les activités de mon Cabinet « Jade Consulting », en élaborant des programmes structurants, et en m’appuyant sur les méthodologies acquises dans mon cursus à Harvard. L’accès aux recherches de HBR est une mine d’or, qui va non seulement consolider mes acquis, mais va repousser mes limites en termes de contributions intellectuelles, au-delà des frontières de l’océan. Je suis une femme malagasy qui a repris ses études à l’âge de 40 ans. Et aujourd’hui encore, je n’ai pas fini d’étudier et d’apprendre tous les jours. Je me documente, et je rencontre des professionnels ainsi que des experts venant de tous secteurs confondus pour m’enrichir. Je privilégie le contact humain et la diversité culturelle.
(+) : Quels messages laisseriez-vous aux jeunes malagasy, notamment les femmes ?
(=) : Tout est possible, osons rêver grand ! D’abord, pour évoluer et gravir les échelons, la maîtrise de la langue de Shakespeare est fondamentale. J’ai pris des cours particuliers pour cela. Et pour entretenir mon niveau d’anglais, je regarde des films en version originale. Pour se faire respecter en tant que femme, mettons en valeur notre leadership, notre expertise et notre intellectuel, combiné à la douceur légendaire de la gent féminine de Madagascar ! Communiquons pour construire, et non pour détruire ! L’honnêteté intellectuelle et l’intégrité sont des valeurs morales qui doivent être le socle de la réussite. Enfin, et non des moindres, la solidarité entre les femmes conduira notre Nation vers le progrès, car au niveau démographique, nous représentons une part importante de la population malagasy. Ensemble, nous sommes plus fortes, ensemble nous pouvons soulever des montagnes pour laisser un héritage durable à nos enfants et aux générations futures !
Propos recueillis par P.R.

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Editorial

  • Quid d’une volonté politique
    En panne d’une réelle volonté politique, la lutte contre la corruption fait du surplace à Madagasikara.Un décalage flagrant s’interpose entre ce qui a été dit et ce qui est fait ! Le pays stagne. Les Indices de perception de la corruption (IPC) éprouvent les peines du monde d’évoluer vers le sens du positif. Plutôt, ils reculent. Quid d’une volonté politique pour cerner ce « mal », la corruption, qui sape le fondement de l’essor de l’économie nationale.Créé le 17 décembre 2004, le Bureau indépendant anti-corruption (BIANCO) fête ses 20 ans d’existence. Immédiatement, la question qui surgit : « quel bilan ? » BIANCO, de par son nom, ambitionne de combattre la corruption à Madagasikara. Après 20 ans, où en sommes-nous ?D’un avis généralement partagé, on hésite. Ecartelée entre une appréciation tranchée de réussite et d’un constat amer d’échec, l’opinion publique vague à l’âme. Le bilan mitigé semble dominer la partie.…

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